« Un long métrage expérimental, traitant le rapport des fonctions entre l'image et le son (son original). Nekes démontre en une vingtaine de séquences quelles sont les possibilités et les fonctions du son original et quel est son rapport à l'image non fixe. Dans des scènes qui rappellent le film muet, il remplace le son par de la musique, le réutilise par la suite comme fond d'ambiance ou s'en sert comme d'un support d'information dominant l'image. Mais dans ce film, la manière dont le son original est utilisé nous apparaît plus importante encore que sa valeur informatrice. La fonction du langage n'est plus celle d'un moyen de communication : les mots et les phrases sont tellement morcelés qu'ils deviennent incompréhensibles, ils sont ensuite recomposés selon des critères mathématiques ou musicaux. Les pauses, les fragments de phrases et de mots deviennent les éléments grammaticaux d'une nouvelle syntaxe optique et auditive.
Le titre du film se réfère à Lemuel Gulliver, qui s'était rendu au cours de ses voyages à l'Académie de Lagado, dans laquelle les savants se proposaient de supprimer tous les mots, estimant que ce serait extrêmement bon pour la santé et que ça ferait gagner du temps. Nekes, lui, ne supprime pas la parole dans son film, il nous donne un modèle censé nous inciter à réfléchir, à nous permettre de nous raconter nos propres histoires. Il nous donne parallèlement la sensation de pouvoir respirer librement dans la salle étroite du cinéma - une expérience cinématographique excellente pour la santé ! »
-Doris Dörrie, « Süddeutsche Zeitung », Munich 20/5/77
1977 - 35/16mm - couleur - 79' - VO - sous-titres anglais
Equipe : Werner Nekes, Dore 0. Bernd Upnmoor, Harm Abrahams, Götz Vincentz