Philippe Garrel - La concentration

Né de trois jours presque interrompus de tour- nage durant lesquels Jean-Pierre Léaud et Zou-zou ont dû aller jusqu'à la limite dernière de leurs forces, cette œuvre est d'abord un document cli- nique sur la droguer, non plus euphorisante, mais perforante, destructrice, annihilante, le véritable vertige étant ici celui de l'existence même.
-Figaro Littéraire, 1968

Une naissance au début, une mort à la fin, entre les deux un enfant disparu et un amour cassé. Il faudra, pour la première image, littéralement couper la nuit au ciseau. Toutes sortes de liens d'ailleurs unissent les deux personnages – cordons ombilicaux amarrant des « marionnettes supérieures » – à la pratique qui les anime : le fil du son sert à les faire voir, la pellicule argentée à se couper les veines, les rails du travelling à ramper dessus, le chariot de transporteur de cadavre. La vraie vie serait-elle ailleurs ? Dans ces trois jours de tournage ininterrompu par exemple, dont le film serait la trace, comme d'un crime ?
-Cahiers du Cinéma, 1968, Jean Narboni

La Concentration, de Garrel, vingt ans, quatre films : un titre qui est un programme. Couleurs sèches, comme un constat. Le couple, très jeune, enfants du siècle. Toute une vie, de la naissance à la mort. Un seul décor, avec au centre un grand lit où on se donne en spectacle, à gauche la chambre froide, une douche, un robinet qui crache le sang, à droite la fournaise. Prisonniers jusqu'à la nuit des temps. Fin d'une partie déjà jouée avant même que de commencer. Je hais ce monde qui m'a vu naître. Constat épidermique, renforcé par la toute-puissance du son direct.
-Le monde, 1968

1968, 35mm, couleur, mono, 89 mins, 2024 HD remastering)
écrit / réalisé / monté par : Philippe Garrel
avec : Jean-Pierre Léaud, Zouzou
cinématographie : Michel Fournier
son : Philippe Bert, Jean-Pierre Ruh