Extrait du VHS Les Trois Offrandes de Stéphane Marti
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MARCEL FOREVER
Les forces de l’ombre et de la lumière (2012) sont des brassées de sensations fugitives agencées à partir de cinq films que j’ai eu la chance de tourner et de partager avec Marcel Mazé et dont les titres évoquent des univers mystérieux : Les métaphores d’Alex (1998), Le rituel de Fontainebleau (2000), Le veau d’or (2001), Mira corpora (2004) et Les amants rouges (2009).
C’est un portrait en fragments éclatés où Marcel incarne différents personnages, tel un dandy malicieux plongé dans une profusion de miroitements et de photos érotiques, un photo- graphe ensorceleur mettant en scène des beautés nonchalantes aux allures de bergers siciliens ou encore un ange noir, promeneur romantique façon Nosferatu effectuant des rituels cycliques qui célèbrent Eros et Thanatos. Masques sombres ou lumineux de ses désirs - et des miens, en écho.
Images lyriques, issues de films conçus comme des cultes à la fois profanes et sacrés où s’enchevêtrent, dans des allégories souvent frénétiques, caresses et tensions furieuses et qui dévoilent un Marcel envoutant, entouré de belles et jeunes étoiles filantes tels Sarah, Orlan, Baptiste, Patrice, Samuel, Romain, Thomas, Anders, Alex, Christian, Yohan ou Elie.
Images emportées par les flux musicaux dramatiques et fougueux d’un sublime concerto de Mozart, étonnamment synchrone. Images qui s’incarnent dans le velouté très singulier du Super 8, cette matière argentique à la granulation visible et à faible pro- fondeur de champ dont les vibrations subtiles ou saccadées privilégient l’exploration des corps en gros plans.
Les aficionados(das) noteront la présence d’œuvres originales de Michel Journiac, celle d’une poupée chiffon de Michel Nedjar et déchiffreront sans doute quelques clins d‘œil à Huys- mans, à Von Gloeden, à Kenneth Anger, à la Diva Assoluta et au Chant d’amour de Jean Genet, film fétiche du Collectif Jeune Cinéma depuis le début des années 70. Effluves insaisissables qui papillonnent autour de Marcel tout au long de ce poème d’amour et de mort. La grâce de Marcel irradie dans ce film-hommage comme elle a touché toutes celles et tous ceux qui l’ont rencontré. Une gratitude infinie à celui qui a consacré 40 années de son existence à faire émerger les œuvres impossibles, oubliées ou interdites de l’ombre et une tendre pensée personnelle pour celui qui fut un complice, un miroir et un double dans la mise à jour de l’énergie vitale des désirs, autrement.
-Stéphane Marti, 08/2018
couleur, 16 mins, stéreo