Métro Pré Saint Gervais

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CD Audio avec 2 pistes de jazz expérimental par Dan Warburton, Jean-Luc Guionnet et Eric La Casa

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J’ai la mémoire de ce son, celui du métro parisien, bruits de portes qui claquent, sirènes, ce son lourd du metal on metal qui écrase plus sûrement qu’il emporte. Toujours ces mêmes sons, porteurs de cette angoisse du départ et de l’énigme de l’arrivée. Sons associés à la nuit, tout au moins à la lumière des néons concentrationnaires, au bout du tunnel les jours se ressemblant. Le souvenir aussi de quelques musiciens y faisant la manche, jouant rengaines ou répertoire classique, la distraction qu’ils apportent ou support à nos rêveries d’un ailleurs. La musique comme un autre transport. Curieux comme le temps se rétrécie alors. Ce disque est porteur d’histoire, mais à la façon des Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, image temps dépliée dans les différents " points de son " d’Eric La Casa, mixage entre métro, ces infimes histoires individuelles qui passent, happées par les micros et ces deux putains de grands instrumentistes qui creusent dans le son.
Creusent et ne jouent pas, comme s’ils ne voulaient pas rapporter d’autres histoires, leurs anecdotes à celles des passants, s’imposant de rester immobile dans le son, de mettre en vibration ces zones d’ombre qui voient le passage des hommes. Il y a dans ce disque comme un montage cinéma, sans doute dû à la richesse de la vie et du surgissement de ses hasards, aux intuitions du trio, à la musicalité des microphonies de LA CASA. GUIONNET et WARBURTON tiennent des notes longues, maintiennent des unités de temps, y retiennent des voix, parlées, criées, stridences aussi. Curieux comme les micros redessinent l’espace, abolissent les plans pour les redistribuer autrement, devant/derrière, inversant les focales d’écoutes, des pas prenant autant d’ampleur que les souffles et les couacs du saxophone, instrumentalisés ou chosifiés à leurs tours. Voix d’annonces de la RATP, diva sans visage récitant sa poésie administrative, ritournelles inquiétantes, comme accompagnée par les intonarumori du métro disparaissant, reste quelques notes mourantes du violon et du saxophone. Ce disque parle de passage plus cruellement que beaucoup d’autres, il y aura forcément une fin au bout de cette nuit inversée, la poésie s’éteindra, les néons clignoteront seuls, les musiciens partis. L’histoire ne dit pas s’ils ont fait la manche et ce qu’ils auraient eu pour salaire de leur belle besogne. Michel HENRITZI, Revue & Corrigée n°55
Alto Saxophone – Jean-Luc Guionnet
Performer [Microphones], montage, mixage – Eric La Casa
Violin – Dan Warburton
Artiste(s) Dan Warburton, Jean-Luc Guionnet, Eric La Casa
Format CD audio
Année 2002
Durée 64 min
Editeur Chloë